Depuis des semaines et des mois qu’il la serine, on commence à connaître la chanson de Vincent Bolloré. C’est que ça perd de l’argent, Canal+, ma pauv’ dame, houlala. La semaine dernière, devant les actionnaires de Vivendi réunis en son Olympia, il était à deux doigts de faire passer la sébile dans l’assistance, allant jusqu’à agiter le spectre de la faillite
de Canal+ : Si les pertes continuent, il y a un moment où il faudra arrêter le robinet, parce que Vivendi ne pourra pas apporter de l’argent indéfiniment à Canal+.
Et d’évoquer le chiffre – gonflé aux hormones ou invérifiable, cocher la bonne réponse – de plus de 400 millions d’euros en 2016
de pertes.
Et comme il n’a peur de rien, Vincent Bolloré a déclaré : On dit que je suis la cause des pertes, mais j’en suis la conséquence et peut-être la solution.
La conséquence ? Ça se défend : il a mis la main sur un Canal+ déclinant. La solution ? Des économies à tous les étages, des prestataires qu’on ne paye plus, des équipes qui ne vont plus à Cannes ni aux JO de Rio, une réduction des tranches en clair de Canal+ dans les tuyaux, et un accord de distribution avec la chaîne qatarie BeIn Sports supposé régler l’ensemble des problèmes du groupe (lire l’épisode 10, « Bolloré, le roi du sot business »). La cause ? Ça, désolés cher Vincent Bolloré, mais c’est certain : c’est vous. Car si les abonnés avaient commencé à se faire la malle avant que l’industriel breton ne mette ses papattes sur le groupe, c’est depuis son règne que Canal+ souffre d’une terrible hémorragie d’abonnés. Selon les informations des Jours, au premier trimestre de 2016, le groupe a subi une perte nette de près de 200 000 abonnements.

Le document interne que se sont procuré Les Jours, étiqueté « confidentiel » et émanant de la « direction finance et performance », est sans appel. En décembre 2015, le groupe (c’est-à-dire les chaînes Canal+ et CanalSat) comptait 7,535 millions d’abonnements. En mars 2016, ils ne sont plus que 7,339 millions, 196 000 abonnements de moins. Commentaire du document : Un premier trimestre de l’année en recul de près de 200 K abonnements [c’est-à-dire 200 000, ndlr], en débord de 20 K par rapport à la prévision suite au résultat dégradé du mois de mars en particulier sur la résiliation.
Sur la totalité du trimestre, 381 000 abonnements ont été résiliés et 185 000 seulement ont été contractés, soit 34 000 de moins qu’une année plus tôt.
Près de 200 000 abonnements en trois mois, le chiffre est énorme : c’est, en un seul trimestre, la moitié de ce qu’a perdu Canal+ tout au long de 2015 (405 000 abonnements envolés), une année déjà pas glorieuse.