Ils auraient pu dire Au fou
, crier À l’assassin
, manifester aux cris de Tout le monde déteste Bolloré
. Mais non, c’est Alerte
. Selon les informations des Jours, les syndicats de Canal+ ont en effet enclenché une procédure d’alerte, destinée, pour aller vite, à sonner les cloches de Vincent Bolloré afin d’avoir enfin des réponses aux questions posées et reposées depuis des mois, toujours en vain.
Le processus a été entamé ce lundi avec le dépôt d’une lettre des élus du comité d’entreprise (CE) de Canal+ à la présidente dudit comité, missive accompagnée d’une série de questions. Les Jours se sont procuré ces documents. Selon la procédure du droit d’alerte, la direction doit désormais organiser un comité d’entreprise extraordinaire pour répondre aux questions. Si les réponses ne satisfont pas les élus, ils peuvent alors déclencher le droit d’alerte, et nommer un expert-comptable afin de rédiger un rapport destiné ensuite à saisir les plus hautes autorités de la boîte (conseil d’administration, de surveillance), qui sont alors tenues d’apporter des réponses ; et motivées, s’il vous plaît. Long et pointilleux, le droit d’alerte, mais le message des syndicats de Canal+ à Vincent Bolloré est limpide : mec, ça craint.

C’est généralement en cas de menace de faillite dans une entreprise que les syndicats ont recours au droit d’alerte. Originalité : dans le cas de Canal+, le terme de « faillite », c’est Vincent Bolloré en personne qui l’a agité comme une clochette sous le nez des actionnaires lors de l’assemblée générale de Vivendi, le 21 avril dernier. Ding-ding : faillite
, ding-ding arrêt des chaînes Canal+
, ding-ding un milliard d’euros de dettes
. Hum, et ce, alors que le groupe fait un bénéfice de plus 450 millions d’euros ? Un chiffre qui, lui, n’est pas claironné. Contrairement à celui de 400 millions d’euros trompeté à tout bout de champ, soit la perte des chaînes Canal+ en 2016 estimée par Vivendi si l’on ne fait rien
. À comparer avec les 264 millions d’euros de pertes rendues publiques par Vivendi en 2015 pour les chaînes Canal+.
Il y a eu une césure fin 2015-début 2016 : avant, les gens étaient virés ; maintenant ils veulent partir.
C’est que, comme le rappellent les syndicats dans leur lettre à la présidente du CE déclenchant le droit d’alerte – une première en 32 ans de Canal+ –, Vincent Bolloré entretient une confusion systématique entre le groupe Canal+ et les chaînes Canal+
. La dette d’un milliard ? C’est celle de l’ensemble du groupe, notamment due à l’acquisition du groupe polonais de télé payante TVN. Mais quand Bolloré prévient que Vivendi ne