On voit déjà la scène. Recevant la sanction du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) condamnant CNews à une amende de 200 000 euros pour les propos d’Éric Zemmour sur les mineurs étrangers (« Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont ! Il faut les renvoyer ! »), Vincent Bolloré est secoué de sanglots. Il regrette. Pour expier, il parcourt à genoux les cinq kilomètres qui séparent la tour de son groupe, à Puteaux, du siège du CSA et implore le pardon du président de l’instance, Roch-Olivier Maistre. Se flagelle avec la convention bafouée de la chaîne info qui lui impose de « promouvoir les valeurs d’intégration et de solidarité qui sont celles de la République [et de] lutter contre les discriminations ». Se recouvre la tête de cendres, promettant la fermeture immédiate de la traîtresse remplacée par la diffusion 24 heures sur 24 d’images en provenance d’un élevage responsable de lamantins dont nous verrons en permanence le replet museau s’écraser douillettement sur l’écran. Doux rêve, hein. Alors que la sanction du CSA, que Canal+ dit « déplorer », Vincent Bolloré a déjà missionné ses avocats pour la contester au nom du « principe de liberté d’expression ». Peut-être la fait-il afficher dans son bureau à côté de la trombine d’Éric Zemmour, employé du mois, de l’année, de la décennie. Une brique de plus à la construction de ce groupe médiatique nationaliste, populiste, dont Zemmour est la poutre apparente.
En attendant de voir Prisma Presse (Capital, Voici, Télé Loisirs, Femme actuelle, entre autres titres du groupe en cours de rachat) intégrer Vivendi et Europe 1 rejoindre le navire, CNews occupe