On aurait pu penser que Canal+, après les révélations des Jours, aurait diligenté une enquête interne ou convoqué Pierre Ménès pour qu’il s’explique des faits commis sur Marie Portolano et Isabelle Moreau, mais non. Le directeur des antennes de Canal+, Gérald-Brice Viret, a pris son téléphone, ce lundi matin à 9 heures, pour proposer à Pierre Ménès d’aller chez Cyril Hanouna sur C8. C’est comme ça que les choses se règlent ici, dans une économie circulaire entre chaînes du groupe, c’est l’intégration verticale chère à Vincent Bolloré : rien ne se perd, tout se transforme du moment que ça reste dans la maison et que ça peut rapporter. Visiblement, pour Canal+, le spectacle d’un Pierre Ménès repentant chez Cyril Hanouna vaut bien celui des femmes racontant ce que c’est que d’être une journaliste de sport et de subir le harcèlement au quotidien. Bafouées par la censure des séquences mettant en cause Ménès dans le documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste !, bafouées de nouveau ce lundi soir chez Cyril Hanouna par la mise en scène de la repentance de Ménès dans les couleurs criardes d’un plateau de télé-poubelle.
Je suis parfaitement conscient que tout ce qui m’est reproché est intolérable dans le logiciel de 2021.
Pierre Ménès, comme dans les scènes coupées par la direction de Canal+, tout en faisant mine de faire amende honorable, s’est enfoncé dans un « sexisme bingo », où toutes les cases ont été cochées : « Aucun souvenir de cette histoire de jupe », « Ce sont des trucs regrettables mais ce sont des trucs qui datent », « Ce que je pouvais me permettre il y a cinq ou dix ans, je peux plus le faire », « Je suis parfaitement conscient que tout ce qui m’est reproché est intolérable dans le logiciel de 2021 », « C’est #MeToo », jusqu’à oser l’usé jusqu’à la corde « on peut plus rien faire, on peut plus rien dire ».