La propagande anti-avortement déversée sur CNews le dimanche 25 février dernier dans l’émission catholique En quête d’esprit aurait-elle pu être évitée ? C’est un grand oui. Selon nos informations, dès l’enregistrement du numéro, l’alerte a en effet été lancée en interne par le service juridique de la chaîne mais elle n’a été suivie… d’aucun effet. L’émission a bel et bien été diffusée in extenso sur CNews, déclenchant un considérable barouf, d’autant qu’un passage particulièrement litigieux, une infographie faisant de l’avortement « la première cause de mortalité dans le monde », aurait dû être coupé et ne l’a pas été. Pire encore, diffusée à 13 heures le dimanche, En quête d’esprit a été rediffusée le soir même à 21 heures, toujours avec l’infâme extrait.
Le lendemain, lundi 26 février : barouf considérable donc (lire l’épisode 199, « CNews en pleine interruption volontaire d’information »). Les présentateurs de la chaîne s’excusent à qui mieux mieux. Une « erreur », plaide ainsi Laurence Ferrari. Qui tombait particulièrement mal : trois jours plus tard, le Sénat votait l’inscription de l’IVG dans la Constitution et, cette même semaine, tout l’état-major de Canal+, celui de CNews inclus, passait au gril de l’Assemblée nationale dans le cadre de la commission d’enquête sur le renouvellement des fréquences TNT, qui s’annonce délicat pour ces délinquantes multirécidivistes que sont CNews et C8. Face aux députés (lire l’épisode 200, « L’empire Bolloré exposé façon puzzle à l’Assemblée »), Gérald-Brice Viret, Serge Nedjar et Thomas Bauder, respectivement patron des programmes de Canal+, directeur de CNews et directeur délégué à l’information, y sont tous allés de leur petite pelletée de cendres déversée sur leur propre tête. Une « dramatique erreur technique » pour le premier. Un « traumatisme » pour le deuxième. « Une honte pour nous », selon le troisième.
Sauf que l’erreur, le traumatisme et la honte auraient pu leur être évités si le trio avait suivi l’avis du service juridique de CNews. Qui, au sein de chaque chaîne, est chargé de vérifier si les programmes enregistrés sont conformes, s’ils satisfont à la loi, à la règlementation en vigueur, aux obligations de la chaîne, si l’on n’y lance pas d’appel au meurtre ou d’injures racistes, par exemple. Selon nos informations, le service juridique de CNews a en effet délivré un avis sans appel à la direction du groupe et de la chaîne, conseillant même de ne pas diffuser le