Pour fêter le troisième jour de grève à i-Télé, dans sa grande mansuétude, la direction du groupe Canal+ a décidé de repousser la date butoir de la (pseudo) clause de conscience à i-Télé pour les journalistes qui souhaitent quitter la chaîne info. Ce devait être ce vendredi, ce sera finalement le vendredi 4 novembre prochain. 4 novembre… 4 novembre… Mais oui, c’est bel et bien le jour-même de l’anniversaire de Canal+, née en 1984, et simultanément celui d’i-Télé, apparue en 1999. « Est-ce qu’ils le savent seulement que c’est l’anniversaire de Canal, que c’est l’anniversaire d’i-Télé ?, lâche une journaliste de la chaîne info lors de la manifestation de salariés épaulés par nombre de personnalités. Là, c’est joyeux anniversaire et adieu ! » Le symbole est désastreux mais Vincent Bolloré, pour autant qu’il l’ait noté, n’en a cure. Tout comme ses hommes se battent l’œil de la grève des journalistes d’i-Télé et de leurs revendications. Face aux salariés de la chaîne, mercredi matin, le directeur Serge Nedjar a lâché : « Il y a clairement des gens ici pour qui je n’ai pas de sympathie. » Au sortir de cette réunion qui devait être décisive mais qui n’a fait que renforcer la détermination de la rédaction, lors du rassemblement devant l’immeuble, une journaliste d’i-Télé ne pouvait que constater : « Clairement, ils nous foutent dehors. »
Mardi matin, rue des Enfants du Paradis. Dans cet entrelacs d’immeubles de verre dominé par la tour TF1, le siège d’i-Télé. Lors du précédent mouvement social de la rédaction – on protestait alors contre la suppression d’une cinquantaine de postes, contre l’arrivée de programmes sponsorisés par la pub et la venue possible alors de Jean-Marc Morandini à l’antenne –, il avait fallu trois jours pour que soit dépêché à la table des négociations Gérald-Brice Viret, le directeur des antennes du groupe Canal+. Cette fois, en deux jours, i-Télé décroche Maxime Saada, le numéro 2 du groupe. Il y a du mieux. Face à la rédaction, outre Saada : Serge Nedjar, Gérald-Brice Viret, l’indispensable Virginie Chomicki, numéro deux d’i-Télé et la DRH, Sandrine Morin, qu’on ne sort que pour les grandes occasions. La dernière fois, c’était pour la précédente grève.

Plus d’un an que les journalistes attendent un projet pour la chaîne, laissée totalement à vau-l’eau, toujours en déficit et distancée par BFMTV côté audiences. Mais ils n’auront rien. Lundi prochain, i-Télé inaugurera un nouveau nom, CNews, et une nouvelle grille. Ils n’en sauront rien.