Audrey Pulvar, la journaliste de la chaîne info de Canal+, CNews (ex-i-Télé), appelle à faire barrage au Front national en votant Emmanuel Macron au deuxième tour de la présidentielle ; elle est suspendue de l’antenne de CNews : Bolloré = Le Pen. Hourvari, indignations, hauts cris. Il y a des méchants, une gentille : fin de l’histoire. Bien sûr, c’est un peu court et légèrement plus compliqué que ça.
C’est Le Parisien qui sort l’info mercredi 26 avril au soir : Audrey Pulvar est éjectée. Sa très grande faute ? Elle a signé une tribune initiée par la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol, intitulée « Féministes, nous ne voulons pas du Front national. Nous votons Emmanuel Macron ! ». Rien que du beau linge dans ce texte publié mercredi par le Huffington Post : Agnès Jaoui, Yvette Roudy, Bruno Solo, Julie Gayet… et deux journalistes. Audrey Pulvar donc, mais aussi Laura Tenoudji, alias « Laura-du-web », un surnom qui lui vient de sa fonction dans Télématin (France 2) où elle tient une rubrique consacrée à internet. Et Audrey Pulvar. Si la chaîne publique ne s’est pas émue de l’engagement de Laura-du-web, dont le métier n’est pas de causer politique, CNews est allée vite : zou, suspendue jusqu’au 7 mai (inclus) Audrey Pulvar, et ce pour avoir manqué à son devoir de réserve et de neutralité. Ouvrant aussitôt, sur Twitter, la boîte à gifles : censure, inacceptable, etc.
L’intéressée s’exprime peu – du moins n’a-t-elle pas donné suite aux demandes d’entretien des Jours –, cite René Char sur Twitter (« Au soleil d’hiver, quelques fagots noués et ma flamme au mur » – nous non plus, on n’a rien compris) et remercie de leur soutien ceux qui s’émeuvent de sa suspension, à savoir un bel aréopage pour l’essentiel socialiste bon teint, allant de BHL à Harlem Désir en passant par Najat Vallaud-Belkacem ou Audrey Azoulay.