C’était le 1er juin dernier, en clôture de l’assemblée générale des actionnaires de son groupe. Interrogé quant au canular homophobe commis par Cyril Hanouna, sa tête de gondole au sein de Canal+, Vincent Bolloré a répondu que oui, il a « fait une bêtise ». Une bêtise. Et sa bêtise, a poursuivi Bolloré, Cyril Hanouna « l’a reconnue, il s’est excusé à deux reprises : que voulez-vous qu’on fasse de plus ? » On a, en la matière, pas mal d’idées de châtiments assez sophistiqués mais on va plutôt laisser la politesse au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Qui, ce mercredi soir, a enfin infligé une sanction à Hanouna et à C8, et ce à la suite, non pas du sketch homophobe, mais de deux précédentes affaires. Assez perverse, la sanction choisie : Touche pas à mon poste, l’émission de Cyril Hanouna, se voit interdite de pub pendant trois semaines et ce, quinze minutes avant son démarrage et quinze minutes après. La pompe à pub de C8 frappée en plein cœur par le CSA. La grosse rassrah, en somme – ne faites pas attention, on traduit pour Cyril Hanouna dont c’est l’une des expressions favorites, ça veut dire l’angoisse, en gros.
La punition est inédite et le CSA, qu’on ne savait pas si roué, s’est directement inspiré de la désertion des annonceurs après ce canular téléphonique où Hanouna piégeait, caricaturait, ridiculisait des homosexuels (lire l’épisode 60, « Hanouna l’a dans le baba »). Pas mal vu. Finalement il n’y a que ça qui marche : le fric. Pas les indignations, pas les admonestations, ça, Bolloré s’en tamponne. Une semaine après le départ des annonceurs, Le Figaro évaluait la perte à un million d’euros pour C8. La punition du CSA devrait faire monter l’addition de trois autres millions, à la louche. Pas de quoi faire bouger Bolloré de sa place de dixième fortune de France mais chaud, tout de même, quand on sait que Touche pas à mon poste représente la moitié des 160 millions d’euros de recettes publicitaires de C8. D’autant que les quinze minutes sans pub avant et après l’émission, placée au carrefour stratégique de l’access prime time (entre 19 et 20 heures) où croisent des millions de téléspectateurs, risquent d’alourdir encore la note. Et toutes les rediffusions de Touche pas à mon poste sont concernées. En clair, C8 va devoir vivre pendant trois semaines sans son appeau à pubs.

Pourtant, ces derniers jours, la pub avait repris cahin-caha, pas au niveau qui était le sien avant le funeste sketch, mais repris tout de même. À quel prix cependant.