«C’est un grand coup de pelle dans la tronche de Bolloré. » C’est ainsi qu’un salarié de l’empire, légèrement à bout de nerfs, décrit la décision de justice qui frappe son patron. À force de s’asseoir systématiquement sur les accords sociaux, il fallait bien que Vincent Bolloré finisse par se faire rattraper par la patrouille. C’est, selon les informations des Jours, ce qui vient de lui arriver ce mardi : un jugement du tribunal de grande instance de Nanterre le condamne à verser une somme qui devrait avoisiner les 15 millions d’euros à quelque 5 000 salariés de Canal+. Aïe, ça pique un peu. On vous y ajoute un peu de rab, m’sieur Bolloré ? Allez, oui : 5 000 euros par jour de retard, a décidé la justice.
Il faut dire que là, Vincent Bolloré a vraiment tenté de la faire à l’envers aux salariés du groupe Canal+. Chaque année, ils perçoivent une prime d’intéressement qui, bon an mal an, représente environ un mois de salaire (un peu plus pour les petits, un peu moins pour les gros). En 2016, ce sont ainsi 7,4 millions d’euros qui ont été versés au titre de l’exercice 2015. En juin 2016, DRH et représentants du personnel signent de nouveau pour une durée de trois ans, comme c’est l’usage dans le groupe Canal+ depuis qu’existe cet intéressement. Mais le 28 février dernier, lors d’un comité d’entreprise, la direction annonce le montant du chèque : 1,08 million d’euros au lieu des 16,32 millions d’euros auxquels les salariés ont droit. Gloups.
Oui, 15 millions de moins que prévu. Hein ? La direction a tranquillou décidé que l’accord ne porterait pas sur le périmètre annoncé : « Les formules retenues au cours des années précédentes étaient irrégulières », explique-t-elle. Et d’avancer sa propre formule : il ne faut pas calculer l’intéressement sur la base des résultats de l’ensemble du groupe Canal+, mais uniquement sur ceux de l’UES. L’UES, c’est l’Unité économique et sociale, une entité juridique qui rassemble plusieurs sociétés d’un même groupe et permet notamment un comité d’entreprise commun : plus simple, en somme. À Canal+, l’UES réunit douze filiales, depuis la société d’édition de Canal+ jusqu’à CNews en passant par C8 ou encore Studio Bagel Productions. Ne figure notamment pas dans l’UES Canal+ Overseas, vous savez, la seule filiale dont Vincent Bolloré vante régulièrement les résultats : c’est là, en Afrique, et uniquement là, que les abonnements à Canal+ sont en forte hausse.