C’était il y a un an tout juste. Le 17 octobre 2016, par 114 voix pour, 4 contre et 17 abstentions, l’équipe d’i-Télé – depuis rebaptisée CNews – votait la grève. Et jour après jour, un mois durant, ils la reconduisaient jusqu’à ce mercredi tout gris du 16 novembre, où un « protocole d’accord de fin de conflit i-Télé/CNews » – c’est le nom de ce document – mettait fin au mouvement. Un mouvement déclenché par l’arrivée à l’antenne de Jean-Marc Morandini et revendiquant des choses exotiques comme une charte d’éthique, un projet pour la chaîne, un directeur distinct de celui de la rédaction… Un mouvement inédit à la télé, une rébellion jamais vue alors dans l’empire de Vincent Bolloré.
Le document, paraphé le 16 novembre 2016 au terme d’invraisemblables négociations, a été signé d’un côté par Jean-Christophe Thiery, président du groupe Canal+ – il le serait toujours, aux dernières nouvelles –, et de l’autre par la société des journalistes (SDJ) d’i-Télé, via son président d’alors, Antoine Genton, ainsi que par certains syndicats et les instances du personnel. « Le présent accord, explique le document dans son article 5, est conclu pour une durée indéterminée. » Il couche noir sur blanc des engagements d’ordre éthique et social, pour ceux qui souhaitent partir. Partir, c’est ce qu’ont décidé de faire, à l’issue de la grève, 98 salariés (76 CDI, 9 CDD, 13 pigistes), parmi lesquels 89 journalistes (sur un total de 162 CDI, dont 137 journalistes). Dont Antoine Genton, qui porte un an plus tard un regard lucide sur cet accord : « Un an après, l’accord est peu mis en œuvre. Tout le problème de ce texte, c’est que la direction refusait de s’engager sur un texte qui soit un engagement juridique. On était plus dans un engagement moral. » Un an après, Les Jours ont fait le compte des promesses contenues dans le protocole d’accord. Spoiler : dans l’expression « engagement moral », il y a au moins deux termes que la direction ne connaît pas.
« i-Télé/CNews restera une chaîne d’information en continu agrémentée de magazines d’information »
Et ce, précise l’article 1 consacré à l’éditorial, « dans le respect total de la convention la liant au CSA ». Notez bien que si jamais CNews se transformait, disons, en chaîne de divertissement totalement consacrée à Cyril Hanouna (c’est un exemple), le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) aurait alors toute latitude pour sucrer sa fréquence. Une fréquence, rappelons-le, accordée gratuitement en France, en échange du respect de toute une série d’obligations couchées dans une convention nouée entre le CSA et l’éditeur.