L’effet papillon, vous connaissez : le battement d’ailes d’un papillon au Brésil entraîne une tornade au Texas. Dans L’empire, ce sont des manifestations de l’opposition au Togo qui entraînent le départ forcé du numéro 2 de Canal+ International à Paris. Et celui qui bat des ailes, bien sûr, c’est Vincent Bolloré. En effet, selon nos informations, François Deplanck, le directeur des chaînes et contenus de Canal+ International, la filiale du groupe qui s’occupe de distribuer ses chaînes à travers le monde, vient d’être écarté. Son départ a été annoncé ce mardi sur l’intranet du groupe – comme l’indiquait la lettre professionnelle Satellifax –, officiellement « pour se lancer dans un projet d’entrepreneuriat ». Mais c’est une sanction. Pourquoi ? À cause d’un sujet de L’Effet papillon, l’émission de reportages internationaux de Canal+ (vous le voyez, l’attaque de cet épisode n’était pas vaine), consacré à l’opposition togolaise au président Faure Gnassingbé.
Tout commence le dimanche 15 octobre dernier quand est diffusé sur Canal+ un reportage de L’Effet Papillon intitulé « Togo : lâche le trône ». Ainsi que l’a raconté Arrêt sur images, dans les jours qui suivent, le reportage passe à la trappe : plus de replay, pas de redif, vidéo supprimée de YouTube et Dailymotion… Ordre de qui ? De Vincent Bolloré évidemment, qui est en affaires avec le Togo, où il gère notamment le port à conteneurs de Lomé. Mais voilà qu’un mois plus tard, malgré la consigne de black-out, le sujet trappé est diffusé… en Afrique, via Canal+ International. Une erreur. Nouveau battement d’ailes et nouvel effet papillon : la chargée de la « macroprogrammation » (la personne qui informatiquement met les émissions à l’antenne) est convoquée le 24 novembre pour un entretien préalable au licenciement. Une bonne vieille censure a posteriori doublée d’une punition pour la lampiste afin de ne pas troubler le fructueux business de Bolloré au Togo ? Vous avez vraiment l’esprit mal tourné. Mais ce n’était pas suffisant, il fallait une tête à Vincent Bolloré : ce sera celle de François Deplanck.

Mais revenons à notre Papillon de départ. Conçu par l’agence Capa, qui produit l’émission pour Canal+, le reportage envoie un vent d’air frais sur une chaîne dont l’investigation est bannie depuis la censure d’une enquête sur le Crédit mutuel, à la demande de Vincent Bolloré, soucieux de ne pas froisser son amitié avec son président d’alors, Michel Lucas.