Comme deux droites parallèles, leurs versions de la soirée ne se sont jamais croisées. Le 8 juillet 2009, à Montreuil, policiers et manifestants n’ont tout simplement pas vécu la même histoire. Ce soir-là, Joachim Gatti a perdu un œil et cinq autres personnes ont été moins gravement blessées. Trois policiers comparaissaient cette semaine pour « violences volontaires » au tribunal correctionnel de Bobigny. Après cinq jours d’audience très tendue, chaque camp ne peut que ressortir renforcé dans ses certitudes. Les policiers convaincus que la justice s’acharne, alors qu’ils se sont bornés à faire leur travail ingrat. Leurs victimes persuadées que la tournure favorable des débats ne saurait mettre un terme à des violences policières systémiques.
Ce 8 juillet 2009 à Montreuil, peu après 22 heures, les policiers ont vu un « groupe hostile » avancer sur eux et leur jeter des projectiles, les forçant à rétablir l’ordre. D’abord sur la place du marché, devant la Clinique, un squat expulsé le matin même, puis 200 mètres plus loin, sur l’esplanade du métro Croix de Chavaux. Les manifestants parlent d’un rassemblement pacifique qui s’est s’évaporé à la vue de la police. Une débandade pendant laquelle ils se sont fait « canarder » au flashball. Six personnes ont été touchées, dont Joachim Gatti, éborgné à 35 ans.
Le principal prévenu, le gardien de la paix Patrice L., a failli passer aux assises pour avoir pris cet œil. Pour avoir