Il y a un peu plus d’un mois, les serveurs du site What.cd étaient débranchés et les quinze dernières années passées sur internet sont repassées devant mes yeux. Encore une fois, j’assistais à la fermeture d’un site où la musique s’échangeait hors marché ; cette fois à l’initiative de la Sacem, la société qui collecte et défend les droits des auteurs et compositeurs.
Avant What.cd, j’ai connu la fermeture de Napster, de Kazaa, de Oink et de MegaUpload – pour ne citer que les plus marquants. Tous étaient illégaux selon les lois françaises, européennes et américaines. Tous étaient aussi l’expression d’une époque, d’une émancipation des auditeurs face à une industrie de la musique sur la défensive. Mais à la différence de ses prédécesseurs, What.cd existait toujours en 2016 ; l’ère du streaming, de l’accès gratuit à plus de musique qu’on ne pourra jamais en écouter.
J’ai donc commencé à m’interroger sur les motivations des membres de What.cd. Pourquoi aller s’enfoncer dans un underground aux codes complexes alors que tout le monde a aujourd’hui accès à énormément de musique gratuitement et légalement, sur YouTube ou sur les plateformes comme Deezer et Spotify. « Sur What, il y avait tout, vraiment tout », m’a simplement répondu Yannick, 34 ans, qui était déjà membre de Oink’s Pink Palace, le prédécesseur de What, avant sa fermeture en 2007.
What et Oink sont des sites frères, deux trackers de torrents dédiés à la musique – des librairies de liens permettant le téléchargement gratuit de centaines de milliers d’albums.