À ce jour, le rapprochement annoncé entre la Fnac et la plateforme de streaming musical Deezer est une alliance de perdants. Ce partenariat « stratégique pérenne et exclusif à vocation internationale », annoncé ce mardi matin par un communiqué commun, se déploiera par paliers. Dans un premier temps, la Fnac bazardera sa propre offre de streaming que tout le monde a de toute façon oubliée depuis son lancement en 2014, Fnac Jukebox, pour renvoyer vers Deezer. Puis les clients des magasins Fnac et Darty – les deux enseignes ont fusionné l’an dernier – seront incités par des opérations commerciales à s’abonner au leader français du streaming. On imagine aussi que les adhérents à la carte Fnac seront les premiers courtisés. Si tout se passe bien, le groupe Fnac Darty, dont est actionnaire Vincent Bolloré, pourrait aussi entrer au capital de Deezer.
En tout, Deezer compte ainsi récupérer les «quelques dizaines de milliers» d’abonnés à Fnac Jukebox, selon Coralie Piton, la directrice produits culturels de Fnac Darty, et trouver dans le réseau de magasins de l’« agitateur culturel » un accès direct au public le plus difficile à faire migrer vers le streaming: les peu connectés, les acheteurs de CD, le très grand public familial.
L’alliance a du sens pour les deux enseignes en 2017, mais elle concrétise surtout violemment l’échec de leur stratégie respective dans la musique en ligne et les enferme sur le marché français.