Attrapez n’importe quel adolescent qui passe et faites le test. Demandez-lui comment il écoute de la musique, quelle application, quelle plateforme il utilise. Il vous répondra sans doute : YouTube.
Le site de streaming vidéo, propriété de Google, est depuis longtemps la première destination pour l’écoute de musique, loin devant Deezer ou Spotify. Selon les chiffres du Snep, YouTube aurait ainsi représenté pas loin de 65 % des 50 milliards de morceaux streamés dans le pays en 2015 – les plateformes audio, comme Deezer et Spotify, représentent 17,7 milliards de ces écoutes.

C’est conséquent, mais ce gigantisme est inversement proportionnel aux revenus générés par YouTube grâce à la publicité, qui ne représenteraient que 10 % des 104 millions d’euros de chiffre d’affaires du streaming l’an dernier. Bref, YouTube ne rapporte pas gros. C’est d’ailleurs l’un des combats des années à venir entre l’industrie des loisirs et Google, nous y reviendrons. Car il y a un autre problème à régler avant : YouTube fuit et son argent se perd avant d’arriver aux artistes.
Pour essayer de comprendre comment fonctionne le système de rémunération de YouTube, je me suis rendu dans les locaux d’une entreprise française qui s’agite au milieu même de ce champ de bataille. Transparency Rights Management est un tiers de confiance
, comme l’explique son fondateur, Jean-François Bert, un ancien du secteur qui est passé par feu la major EMI et la Sacem. Justement, il a placé sa boîte pile entre les maisons de disques, les plateformes et les sociétés de gestion des droits des auteurs, comme la Sacem, afin de certifier à chacun que les données d’écoute – et donc de revenus – recueillies sur YouTube sont fines, justes et à jour.
Bien souvent, les droits ne sont pas déposés, mal réclamés, sur ou sous-déclarés… Du coup, l’argent reste chez YouTube.
Mais ce que Jean-François Bert explique avant toute chose, dans son bureau envahi de serveurs qui surplombe le périphérique parisien au bout du bout du XIIIe arrondissement, c’est qu’une bonne part de l’argent généré par YouTube n’est pas réclamé. Selon les chiffres réunis lors de cette enquête, cela concerne au moins 50% des vidéos musicales sur la plateforme. Et c’est un secret de famille qui fait bouillir le petit monde de la musique en ce moment. Tellement qu’il rechigne à l’aborder réellement.
« Bien souvent, les droits ne sont pas déposés, mal réclamés, sur ou sous-déclarés…, commente Jean-François Bert.