Dans l’épisode précédent (lire l’épisode 10, « YouTube, un tuyau percé pour la musique »), j’ai raconté qu’en tentant de comprendre comment fonctionne le système de rémunération de YouTube, qui paie quatre fois moins que les autres plateformes de streaming musical tout en générant 65 % des écoutes l’an dernier, je suis tombé sur de grosses fuites dans cette mécanique. On y trouve des vidéos musicales dont les droits – composition, interprétation – ne sont pas déposés, mal déposés, déposés très tard. Et de l’argent qui n’est donc pas réclamé et dort chez YouTube, qui, rappelons-le, appartient à Google.
Le premier bout de la réponse à cet encombrant dossier se trouve chez YouTube, au cœur du monstre en ligne créé en 2005, m’a expliqué Cédric Gaudard, le cofondateur et président de TraxAir, une start-up française qui s’est spécialisée dans la reconnaissance et la gestion de la musique en ligne. Jusqu’en 2008, YouTube ne payait rien et les labels grognaient. Puis ils ont lancé “Content ID”, qui permet de demander une part des revenus de la publicité. Mais toute la déclaration des droits est basé sur un langage technique et juridique qui n’est pas celui de la musique.
YouTube a mis en place des formations avec certification. À la fin, il y a un examen de deux heures à repasser régulièrement.
Tout le monde peut déposer une vidéo sur YouTube, il suffit de créer un compte pour cela. Mais ce dépôt n’est qu’un affichage. Une goutte dans l’océan de cases à cocher pour réclamer correctement ses droits. C’est comme afficher le dessin d’un futur immeuble sur un panneau de chantier sans jamais le construire.
Pour avoir accès au back office, l’interface de gestion avancée des vidéos, il faut être assez gros pour être pris au sérieux par Google – avoir une chaîne YouTube très suivie, être une maison de disques, une société de gestion de droits ou un multi-channel network (MCN).