Comment sont fabriquées les playlists qui sont en train de devenir le socle de la musique écoutée sur les plateformes de streaming, comme on l’a vu précédemment (lire l’épisode 13, « Le règne de la playlist ») ?
Les plus nombreuses et les moins influentes sont celles des utilisateurs eux-mêmes. Elles sont des dizaines de millions, qui vont d’un empilement de tubes de Britney Spears à une sélection personnelle de chansons de Neil Young, en passant par une histoire musicale de l’amour à distance. Ce sont les plus difficiles à trouver si l’on ne sait pas ce que l’on cherche, car Spotify et Deezer les cachent volontairement pour éviter ce que les Américains appellent la payola.
Historiquement, la payola est un système de pots de vin versés par les maisons de disques à de nombreux DJ et réseaux de radios pour s’assurer de la bonne exposition de leurs titres – notamment des plus moches, comme ceux de Limp Bizkit. Il y a eu des procès, des condamnations, des grandes phrases prononcées par la classe politique. Aujourd’hui, la payola a encore muté et de tout-puissants intermédiaires continuent de verrouiller la « promotion » de la musique auprès des radios outre-Atlantique.
Quelques articles ont fait état de pratiques de pay for play transposées au streaming, notamment le sérieux et informé Billboard l’an dernier : des incitations financières versées à des playlisteurs influents pour favoriser tel ou tel morceau.