Dans mon premier article consacré à la révolution que les playlists font subir à l’écoute de la musique sur internet (lire l’épisode 13, « Le règne de la playlist »), je vous disais que rien ne serait plus comme avant. Je vous ai un peu menti ; en réalité, tout est en train de redevenir comme avant.
Dans ce monde du streaming, les nouveaux acteurs sont les plateformes elles-mêmes (Deezer, Spotify, Apple Music, YouTube), des curateurs devenus professionnels, comme Majestic Casual ou Delicieuse musique, et les marques de playlists des majors, comme Digster (Universal), Filtr (Sony) et Topsify (Warner).
Celles-ci font ce qu’elles savent faire : pousser leurs tubes et leur catalogue, divaguer parfois avec une playlist un peu plus riche. Et à côté, rien ou presque. Les labels indépendants, qui représentent pourtant quelque 80 % de la production, sont bien souvent dépassés par tout cela. Il n’y a qu’Apple Music, le dernier arrivé de taille dans le game du streaming musical, qui a fait un choix d’outsider en misant fortement sur ces indépendants pour construire son offre de playlists. Commercialement, c’est avant tout un affichage qui permet à Apple de s’acheter une image d’artisan de la création pour pas cher – de la même façon que la boisson Red Bull se construit une aura branchée en finançant la musique avant-gardiste –, mais le résultat est régulièrement intéressant.
Aujourd’hui, Apple Music me propose ainsi un retour sur le label britannique Tempa, chantre du dubstep, qui colle à mes écoutes de ces dernières semaines.