«Si j’avais su quoi que ce soit de négatif au sujet [d’Anwar Raslan], je ne l’aurais pas soutenu », affirme Riad Seif devant les juges du tribunal de Coblence. Ce n’est pas un inconnu qui s’exprime ce 26 août 2020 au procès du colonel Anwar Raslan. Homme d’affaires autrefois prospère, député et dissident politique, Riad Seif, 73 ans, est l’une des plus grandes figures de l’opposition syrienne en exil. Mais c’est surtout par son intermédiaire qu’Anwar Raslan, après sa désertion des renseignements syriens, a pu tisser des liens dans la coalition d’opposition et la suivre jusqu’aux pourparlers de paix à Genève, en 2014 (lire l’épisode 3, « Le colonel Raslan, déserteur mais faux repenti »). C’est grâce à son soutien que le colonel, aujourd’hui jugé pour crimes contre l’humanité, a obtenu un visa humanitaire pour l’Allemagne la même année, puis le statut de réfugié. Et en mai dernier, Anwar Raslan a lui-même mentionné son nom dans sa déclaration de défense lue par ses avocats. À l’en croire alors, Riad Seif se porterait garant de son opposition au régime et de ses sympathies révolutionnaires (lire l’épisode 7, « Raslan : “Je n’ai pas commis les crimes dont on m’accuse” »). Mais le témoignage de son ancien soutien n’est pas celui qu’il semblait espérer.
C’est par direct vidéo que Riad Seif parle à la cour. Fatigué, vieilli par ses multiples arrestations et atteint d’un cancer, le dissident n’est pas en état de faire la route depuis Berlin, où il réside désormais.