Pourquoi Anwar Raslan a-t-il déserté les services de renseignement syriens en décembre 2012 ? Certains décrivent un homme écœuré par les dérives d’un régime qu’il a pourtant servi pendant plus de vingt ans. D’autres dressent un portrait bien plus trouble de l’ancien colonel, aujourd’hui accusé de complicité de crimes contre l’humanité, arrêté il y a un peu plus d’un an en Allemagne où il va bientôt être jugé (lire l’épisode 1, « À la recherche d’Anwar Raslan, tortionnaire syrien »).
Parmi eux, Wael El Khaldy, qui clame avoir participé activement à l’exfiltration du déserteur hors de Syrie. Activiste et journaliste syrien désormais basé à Paris, ce quadragénaire affirme avoir aidé des dizaines de déserteurs à franchir la frontière jordanienne en 2011 et 2012, avec l’aide de rebelles basés dans la Ghouta orientale, en périphérie de Damas. Dont Anwar Raslan. Mais à en croire Wael El Khaldy, le colonel n’était pas exactement volontaire. « À l’époque, tous les activistes savaient que s’ils voulaient exfiltrer quelqu’un, ils pouvaient se tourner vers moi, explique-t-il dans son bureau parisien. Mais ce n’est pas Anwar Raslan qui a pris contact avec mon groupe. C’est sa femme. » Un beau jour de décembre 2012, celle-ci a débarqué dans la Ghouta orientale avec ses deux enfants, dans la zone rebelle alors inaccessible au régime. « Après nous avoir trouvés, elle a appelé son mari et lui a dit où elle était, lui demandant de les rejoindre et de partir avec eux, raconte l’activiste.