Un brusque jet de vapeur a jailli ce jeudi matin de la cocotte-minute qu’est devenue la rédaction d’Europe 1, pressurisée entre une direction actuelle qui ne lui dit rien et un déjà patron, Vincent Bolloré, qui semble tirer toutes les ficelles de son avenir. Il s’en est même fallu d’un rien pour que tout pète en direct à l’antenne de la station du groupe Lagardère. C’est le directeur de l’information Donat Vidal Revel qui a allumé la mèche en annonçant la mise à pied d’un journaliste, Victor Dhollande, jusqu’au 30 juin, date de son entretien, comme dit la formule, « préalable à sanction pouvant aller jusqu’au licenciement ». Donat Vidal Revel a parlé du comportement « pas acceptable » de ce journaliste qui, pendant sa mise à pied, « doit réfléchir à ce qu’il a fait ». Ce qu’il a fait ? Il s’est embrouillé, la veille, lors d’une assemblée générale, avec une salariée des ressources humaines, lui reprochant d’enregistrer les propos échangés pour les rapporter à la direction. Lors d’une rencontre jeudi après-midi entre élus du personnel et direction, celle-ci a dit que la sanction n’avait rien à voir avec l’incident en AG mais de plusieurs faits antérieurs, notamment une récente altercation avec la direction de la rédaction. La mise à pied annoncée par le directeur de l’information avait déjà enflammé la rédaction, Patrick Cohen, en charge de la tranche 12 h 30-13 heures, annonçant que, pour protester, il ne présenterait pas son émission, avant de renoncer. À l’issue d’une nouvelle AG jeudi après-midi, à l’unanimité, les salariés ont demandé que la direction annule la procédure contre Victor Dhollande avant vendredi 13 heures, sinon c’est la grève. Et vendredi, face au refus de la direction, ils ont voté la grève immédiate et ce jusqu’à lundi 10 heures, annonçant une forte perturbation de la soirée électorale des régionales et des matinales. 84 voix pour, neuf contre, une abstention et un bulletin nul. Une première que cette grève dans l’histoire d’Europe 1. « Oui, c’est un bordel, témoigne un journaliste d’Europe 1. Je me demande comment ça ne peut pas exploser d’ici le 30… »