Vous préférez commencer cet épisode crucial de L’héritier par une info ou une blague ? On vous entend d’ici : « Une blague ! Une blague ! » Mais soyons raisonnables, l’info d’abord : l’OPA de Vivendi sur Lagardère, c’est fait, annonce le premier dans un communiqué publié ce 21 novembre. « Ce rapprochement est effectif à la suite de la finalisation des deux cessions auxquelles Vivendi s’est engagé auprès de la Commission européenne, à savoir celle de 100 % du capital d’Editis à International Media Invest (IMI), intervenue le 14 novembre, et celle du magazine Gala (qui était détenu par Prisma Media) au groupe Figaro finalisée aujourd’hui. » En clair, maintenant que l’éditeur Editis est refourgué au milliardaire Daniel Kretinsky et le people Gala à Dassault, les conditions anti-concentration imposées par la Commission européenne (lire l’épisode 45, « Bolloré, Lagardère ira à toi ! ») sont désormais réunies pour qu’avec près de 60 % du capital et 50 % des droits de vote, Vincent Bolloré, heu pardon, Vivendi finisse de croquer le groupe Lagardère : crountch.
La blague, maintenant. Signée Yannick Bolloré, fils de et patron officiel de Vivendi, dans Le Figaro où, avec Arnaud Lagardère, il officialise le rachat : « Nos équipes n’ont eu le droit de se parler qu’à partir de ce soir. » Outre un usage sinon leste, du moins acrobatique, du passé composé, la vanne est bonne, même si réservée à un public d’initiés : il s’agit de montrer papatte blanche à la Commission européenne qui a enclenché contre Vivendi et Lagardère une enquête pour « gun jumping », à savoir le fait de régenter une boîte selon ses intérêts avant d’avoir eu l’autorisation de la racheter (lire l’épisode 38, « Bruxelles pose son gun sur Bolloré »). Ce qui, dans le cas de Vivendi qui faisait sa loi chez Lagardère avant même de lancer son OPA, fait doucement rigoler : du printemps 2021, où Europe 1 a été mise sous tutelle de CNews