Empire Lagardère : 1826-2023, ni fleurs, ni couronnes. Issu de cette librairie qu’ouvrit cette année-là pas loin de la Sorbonne un certain Louis Hachette, il s’est éteint ce 9 juin : la Commission européenne a validé le rachat du groupe Lagardère par Vincent Bolloré, ainsi qu’elle l’a annoncé dans un communiqué, mais « sous certaines conditions ». Mais, tut tut tut, ne gâchons le moment de joie de notre bouillant Breton. Ce qui compte, c’est que cette fois, c’est officiel, c’est sûr, en ce glorieux vendredi, Vivendi met la main sur Paris Match, Le Journal du dimanche, Europe 1 et le géant de l’édition Hachette, éloignant encore un peu plus les frontières du propre empire de Vincent Bolloré.
Lui, le simple raider devenu en moins de dix ans le mogul des médias singulièrement teintés à droite qu’on connaît désormais, aura cependant, pour la toute première fois au cours de son ascension au bulldozer contée par Les Jours dans L’empire, rencontré un os : la Commission européenne. C’est elle, incarnée par la commissaire chargée de la Concurrence Margrethe Vestager, qui, en novembre 2022 déclenche une enquête approfondie sur l’offre publique d’achat (OPA) annoncée en septembre 2021 (lire l’épisode 22, « Bolloré et Lagardère sur un air d’OPA »). Il s’agit alors, écrit la Commission européenne, de « déterminer si ses craintes initiales en matière de concurrence sont confirmées ». Confirmées, oui et même super confirmées, les craintes.