Même les poulets les plus hostiles aux « baveux » l’appellent au secours en cas de dérapage incontrôlé, de coups de feu intempestifs, de soucis d’alcoolémie ou d’arrangements avec des indics. En garde à vue chez les « bœufs-carottes », les policiers dans la tourmente
, comme elle dit, la contactent sur son 06 et Anne-Laure Compoint débarque pour les sauver. Seulement, l’avocate exige de tout savoir
de leurs turpitudes : Je suis calibrée pour gagner et, si je perds, je veux limiter la casse. Si une affaire foire parce que le mec ne m’a pas tout dit, c’est insupportable. Je veux connaître tous les dessous de l’histoire.
Une question de confiance
. Son profil de battante, sa franchise et sa plastique de poupée Barbie les rassurent.

Me Compoint les ramasse d’abord à la petite cuillère. Après quarante-huit heures dans la « cage » de la police des polices, ils ne font plus trop les beaux
, souvent effondrés, exténués, sales
, effrayés par cette dégringolade inopinée au bout de tant d’années de métier, de passion, récompensées souvent par de bonnes notes et d’excellents résultats
, dit-elle aux Jours dans son modeste cabinet du XIVe arrondissement de Paris où les dossiers sont impeccablement rangés sur des étagères Ikea. A 37 ans, l’avocate représente les intérêts de divers policiers, du sous-fifre à l’ancien directeur Bernard Petit, inquiétés dans des affaires de dérapages professionnels
ou de dérives personnelles
, selon ses mots. Car elle déteste le terme « ripoux », trop connoté « corruption ». Ce qui, à ses yeux, concerne une infime minorité de fonctionnaires
.
Ainsi, dans le dossier du vol des « 52 kilos de coke » imputé à « John », brigadier des stups qui aurait raflé la schnouf au cœur du 36 à la fin du mois de juillet 2014, Me Compoint a épaulé « Pibo », ancien serrurier accusé un temps d’avoir permis au voleur supposé d’ouvrir la salle des scellés. Jusqu’au jour où les « bœufs-carottes » ont découvert dans le mobile de « John » la combinaison secrète pour accéder au coffre d’un chef où se rangeait la clé sésame de la porte blindée. L’avocate ne veut pas discuter d’éléments du dossier, même s’ils sont déjà connus. Elle s’est battue avec succès pour faire réintégrer son « témoin assisté » « Pibo » à… la brigade des stups.
À son tour attrapé à la fin du mois de janvier 2015, « Ballon », gardien de la paix à la BAC du XIXe arrondissement qui rêvait d’entrer dans le saint des saints du 36, fait appel à Me Compoint.