Les journées de la conseillère principale d’éducation commencent par 377 bonjour
, debout devant la grille d’entrée. Mais ce n’est pas le plus compliqué dans les journées de Cécile Morot. La CPE du collège Aimé-Césaire et son équipe de surveillants s’occupent de « la vie scolaire ». Ils gèrent les élèves dans les espaces-temps où ils ne sont pas en classe : les couloirs, les récrés, la cantine, les permanences… Ils sont moins de 10. Il y a 450 élèves.
Concrètement, l’essentiel de leur travail consiste à traiter les absences, la discipline et la sécurité. Ce qui, dans un collège agité
– selon l’adjectif qualificatif de Cécile Morot – comme Aimé-Césaire, n’est pas toujours une mince affaire. Il n’y a pas de grosses violences, mais une petite violence quotidienne
, explique-t-elle. Pas de gros absentéisme mais beaucoup de retards
, d’absence répétées et injustifiées
. Et des parents qui ne répondent pas toujours présent. La vie scolaire, c’est un peu le commissariat de quartier du collège. En plus sympa, avec une porte ouverte. On gère là les débordements de cette microsociété. C’est ici qu’atterrissent les problèmes de la classe. On enregistre les doléances, on gère les conflits, on fait de la médiation et… pas mal de maintien de l’ordre. Vu d’ici, le collège apparaît comme sous un miroir grossissant, un peu trompeur et rarement flatteur. Surtout cette semaine, la pire de l’année
, selon Cécile Morot. Le principal, Jean-Louis Terrana, confirme : On a passé les conseils de classe, ils attendent les vacances, tout se relâche. Et puis, il y a le mur qui approche.
Le « mur », c’est la fin de l’année, le brevet, les choix d’orientation (lire l’épisode 16, « Le choix des orientés »).

Chaque matin, après l’accueil des élèves à la grille, l’équipe de la vie scolaire se déploie dans la cour et les couloirs pour la montée en cours (lire l’épisode 2, « Encore un matin »). Chaque enseignant va chercher sa classe dans la cour et le principal est généralement là en appui. Il y a donc pas mal d’adultes dans les couloirs, mais cela n’empêche pas le festival des balayettes et des chiquettes, les coups de sac, de coude, de pied, les cris et diverses techniques de poussage. Cécile Morot, moins haute en taille qu’une bonne partie des élèves de troisième, a une technique pour parer les éventuels coups perdus et assurer le maintien de l’ordre : elle crie Attention, c’est madame Morot !
en progressant dans les couloirs. Ce qui semble plutôt efficace.
Parfois, il faut quand même intervenir, piquer un sprint, séparer physiquement des élèves.