Il flotte dans l’air un truc de fin d’année scolaire au collège Aimé-Césaire. Malgré la météo qui disait le contraire jusqu’à la semaine dernière et les profs qui rappellent inlassablement que l’année n’est pas terminée
, sans sembler d’ailleurs trop y croire eux-mêmes. Fin mai, ils avaient tenté de cacher le plus longtemps possible aux élèves la date réelle « de fin des notes », échéance fatidique à laquelle les résultats ne sont plus pris en compte pour les moyennes, qui correspond à un relâchement des élèves aussi immédiat que redouté par les enseignants. Si y a plus de notes, ils ne foutent plus rien
, résume l’un d’eux.

Il est désormais trop tard. En fin de journée, dans les salles du premier étage du collège, les conseils de classe du dernier trimestre s’enchaînent, marquant la fin officielle de l’année scolaire. À la vie scolaire et à la direction, l’approche des vacances vient aussi gripper la mécanique de maintien de l’ordre public (lire l’épisode 18, « Tu passeras chez la CPE »). Alors que les incidents se multiplient, il est trop tard pour prendre des mesures d’exclusion. Un des élèves de la 3e B a menacé un adulte du collège, il est convoqué en conseil de discipline mardi prochain, mais il sera certainement difficile de l’exclure à quelques semaines des vacances.
Puisque que ça n’influe ni sur notre passage en seconde, ni sur notre orientation, je ne comprends pas qu’on maintienne cet examen.
En réalité, pour les élèves de troisième, il reste tout de même le brevet à passer fin juin. Une épreuve dont ils ne voient absolument pas l’intérêt. Puisque que ça n’influe ni sur notre passage en seconde, ni sur notre orientation, je ne comprends pas qu’on maintienne cet examen
, résume Faema. L’opinion est largement partagée par la classe. Et la suppression imminente du brevet des collèges fait d’ailleurs partie des infos fausses qui circulent parmi eux, entre deux affaires d’Illuminati (lire l’épisode 17, « Rihanna a vendu son âme au diable »). De fait, Faema n’a pas totalement tort : quels que soient leurs futurs résultats au brevet, leur passage en seconde s’est scellé lors du dernier conseil de classe. Ce diplôme, pour la suite de leurs études, est accessoire.
Lorsqu’ils se poseront la question de savoir s’ils vont envoyer ou pas leur enfant au collège Aimé-Césaire, les parents du quartier qui ont le choix (ou plutôt ceux qui le prennent), ne regarderont pourtant qu’une seule chose : le taux de réussite au brevet du collège Aimé-Césaire (lire l’épisode 21, « Ces trois élèves, ils sont pour nous »).