C’est encore un peu difficile d’en parler. Je sens qu’elles aimeraient que le sujet soit facile, ordinaire. Mais évoquer sa sexualité quand on est une fille et qu’on a 18 ans reste un terrain sensible. Pour le deuxième épisode de cette minisérie sonore C’est l’amour à la fac, quatre étudiantes en première année à Nanterre, parmi ceux que nous suivons depuis septembre, ont malgré tout accepté de répondre à nos questions.
Avec leurs copines, le sujet est libre. Devant leurs amis garçons, un peu moins. À 18 ans, les relations avec le sexe opposé sont encore timides. D’ailleurs, Carla, Mélissa, Nelly et Sarah regrettent parfois le « manque de maturité » des garçons sur l’amour et le sexe. Quand je les observe ensemble à la fac, le rapport oscille toujours entre distance et rapprochement : gêne, joues qui rougissent… Les contacts sont étranges des deux côtés.
Pas question d’être avec le cliché du garçon qui ne sait pas où est le clitoris !
Les quatre filles ont les idées claires sur leur sexualité, leur plaisir, leurs envies. « Pas question d’être avec le cliché du garçon qui ne sait pas où est le clitoris ! », s’esclaffe Sarah. Là encore, ainsi que le disait Mélissa au sujet de Tinder (lire l’épisode 18, « “Les mecs, ils viennent draguer que sur les réseaux” »), internet a aidé. Comme d’autres ados, au moment où elles se posaient des questions, c’est là qu’elles sont allées – rappelons que le clitoris correctement représenté n’a fait son entrée dans les manuels scolaires qu’à la rentrée 2017. Alors elles ont fait leur éducation sexuelle ailleurs. L’avis des unes et des autres bien sûr, mais aussi les réseaux sociaux, les forums… et la pornographie en ligne.