D’ici peu, le campus de Nanterre retrouvera son aspect habituel, avec ses bâtiments austères, impersonnels, qui quadrillent l’espace. Les graffiti politiques seront effacés, les façades repeintes. Ils en ont vu, les murs, il faut dire. Les slogans de Mai 68 immortalisés par des photographies de l’époque ont été engloutis sous des couches de peinture depuis longtemps et, à Nanterre aujourd’hui, peu d’étudiants les connaissent encore. Ceux qui ont fleuri cette année – « Nique son père la réinsertion », « Moins de police, plus de clitoris », « La matraque ne nous fera pas taire » –, entre éloge involontaire à 68 et réinvention, s’accrocheront-ils aux mémoires ? En seront-ils chassés ? À la rentrée, dans quelques mois, que restera-t-il à Paris-X de cette année universitaire explosive que Les Jours ont scrutée et racontée, semaine après semaine ?
C’est long, une année, quand on n’a que 18 ans. À cet âge-là, on n’est plus de la pâte à modeler, mais chaque expérimentation compte. La découverte de la fac et de son fonctionnement, mais aussi l’autonomie consentie ou conquise, la constitution d’amitiés nouvelles, le jeu de l’amour et du sexe, les petits jobs… Tout ce qui fait le quotidien des étudiants. Cette année, les itinéraires individuels se sont en outre téléscopés avec une vaste réforme de l’enseignement supérieur et son corollaire : les cortèges hostiles de la rue. C’est pour cela qu’en août dernier Les Jours sont entrés à la fac pour un an.