C’est la catastrophe pour Thomas. Le délégué de classe de la seconde Production conception mécanique (PCM) n’a plus de stage. À trois jours du début de la période de stage obligatoire en classe de seconde pro, l’entreprise a changé d’avis : finalement, elle ne le prend pas. Comme ça, sans raison. Pour Thomas, ça signifie que c’est foutu. Impossible de retrouver un stage en quelques jours. Il est déçu. Bon élève, il avait pourtant fait exactement comme on lui avait dit. Il avait rappelé l’entreprise qui l’avait accueilli quelques jours en troisième, suffisamment tôt dans l’année pour ne pas se retrouver comme ça, sans rien, à trois jours du stage.
Dans le bureau du chef de travaux, celui qui s’occupe au lycée de tout ce qui touche à l’enseignement professionnel, le prof de productique Jean-Luc Gauthier fait ce qu’il peut. Il passe des coups de fil toute la matinée. C’est un élève sérieux, promet-il aux entreprises alentour avec lesquelles le lycée a l’habitude de travailler. En quelques heures, le problème est réglé : un fournisseur d’équipements industriels de Vulaines-sur-Seine, à quelques minutes du lycée, accepte de prendre Thomas en stage. Et il n’y aura pas de problème de transport : Valérie Clérin, la proviseure adjointe, a proposé à Thomas de s’installer à l’internat, ce sera plus simple pour faire les allers-retours.
Dans un maillot rouge de la NBA, Julien cavale à toute allure dans les couloirs. « Oh, Julien, doucement ! », crie la proviseure adjointe au passage de l’élève. Lui aussi a rendez-vous dans le bureau du chef des travaux. Il s’est blessé le genou en jouant au basket mais il n’a pas songé à prévenir l’entreprise. « Je pense que je peux y aller », dit-il à Jean-Luc Gauthier, qui secoue la tête. Dans un atelier, les ouvriers sont debout toute la journée. « Tu vas être arrêté la première semaine et tu iras la deuxième si quelqu’un peut te conduire. Et uniquement si le médecin est d’accord. » Julien ne proteste pas et retourne à l’atelier.
Ce jeudi, les élèves n’ont pas cours mais ils sont quand même au lycée. La journée est banalisée. Elle est consacrée à la préparation du stage. Une circulaire du 29 mars 2016 incite les établissements à réserver une semaine afin de préparer les élèves aux « attendus du monde professionnel » pour que ces six semaines de stage en entreprise soient formatrices. Il s’agit de réviser le vocabulaire technique, les règles de sécurité et de se familiariser avec ce que sera leur quotidien en entreprise.