L’affaire est aussi confuse que n’importe quelle histoire impliquant des ados et un smartphone. Personne ne sait très bien ce qu’il s’est passé ni ce que voulait vraiment faire Jérémie mais voilà, une semaine après les faits, il n’est plus dans la classe de seconde Production conception mécanique (PCM) de Fontaineroux.
Ce mardi-là, la direction a appris que Jérémie avait pris (et peut-être échangé) des photos très déplacées d’un adulte du lycée. Des avertissements ont été distribués à plusieurs élèves : pendant cette même séance, une sorte de mini-bataille de boulettes de gommes a été organisée dans le dos de la prof. Pour les boulettes de gomme, « c’était un peu bête » reconnaissent-ils, mais pour Jérémie, ils ne savent pas trop. Ils n’ont rien vu.
L’affaire a plongé tout le monde dans l’embarras. L’adolescent, gentiment dissipé, très copain avec Alexis et Quentin, n’avait posé aucun problème jusque-là. Il était même de ceux qui participaient le plus. Certains soupçonnent que la bêtise n’était pas de son seul fait mais « sans preuves irréfutables », il n’est pas question d’accuser un autre élève. « On les garde à l’œil », prévient Valérie Clérin, la proviseure adjointe, qui a pris l’affaire au sérieux. Photographier ou filmer quelqu’un à son insu pendant le cours est une transgression généralement sanctionnée très sévèrement. Pour marquer l’importance de l’évènement, elle est allée devant la 2de PCM, répéter qu’« ily a des choses qu’on ne peut pas faire dans une classe et qu’on ne peut pas tolérer ». Les élèves ont répondu « oui madame », puis ont eu droit à une mise au point très ferme de leurs quatre professeurs d’atelier.
Après « enquête » - les élèves, l’enseignante et Jérémie ont été interrogés –, il a été décidé d’éloigner Jérémie. « C’est une mesure conservatoire. Pour préserver l’élève et l’enseignant, on n’autorise pas le lycéen à revenir en classe », explique Badia Boudraa, la CPE.

Restait à savoir quelle sanction serait la plus appropriée. Dans le cas de Jérémie, c’était le conseil de discipline. Convoqué lorsqu’un élève a commis des faits si graves que la palettes des sanctions ordinaires apparaît insuffisante, le conseil de discipline, très protocolaire, peut ressembler à un petit procès. Très impressionnant pour l’élève, il s’achève souvent par la décision d’exclure l’élève – de façon temporaire ou définitive. Dans ce dernier cas, l’élève est réaffecté dans un autre établissement.