Rassemblés devant le minibus sur un parking, le petit groupe d’élèves de seconde Production conception mécanique (PCM) du lycée de Fontaineroux écoute les dernières instructions de Karim Chekroune et Benjamin Gillot, leurs profs d’atelier. Les élèves sont venus voir, pour de vrai, des techniciens au travail. Tous portent les grosses chaussures noires de sécurité qu’ils ont habituellement en atelier au lycée (lire l’épisode 3, « La salle de classe des machines ») .
Dans quelques minutes, ils franchiront le seuil du grand bâtiment gris et rouge qui abrite le site de production de Méca Distribution, à Vulaines-sur-Seine (Seine-et-Marne). Sous-traitant mécanique, Méca produit des pièces destinées à de grandes entreprises pétrolières, aéronautiques, nucléaires, etc. Ces sorties en entreprise font partie intégrante de la formation des secondes professionnelles. Il y en aura plusieurs. La plupart de ces élèves, une fois leur bac décroché, chercheront un emploi. Ici, ils sont venus voir, pour de vrai, des techniciens au travail. Dans quelques années, trois ans a priori, ils seront à leur place. Alors ils se projettent, imaginent leur vie derrière les machines ; est-ce que j’ai vraiment envie de ça ?
« Qui est déjà venu ? », leur demande Karim Chekroune. Quentin lève le doigt. Ça lui est arrivé de passer avec son père pour récupérer du matériel, explique-t-il. « Et il fait quoi ton père ? » « Il est maçon. » Un élève ricane : « Haha, il est maçon et il s’appelle José peut-être ? » « Ben oui, il s’appelle José. » Les garçons de la 2de PCM suivent leurs professeurs dans le calme. Dans l’entrée, une armoire vitrée où sont exposées de nombreuses pièces donne l’occasion à Karim Chekroune d’exercer leur mémoire. Ils reconnaissent certains outils vus en cours, distinguent un porte-outil VDI, un écrou, un foret. « On va vraiment les fabriquer nous-mêmes ? » Oui, mais pas tout de suite, pas en seconde.
La visite reconstitue le chemin d’une pièce, de sa commande à son expédition. Dans l’atelier où ne résonne que le grondement des machines, Alberto Lopez, le directeur technique du site – en chemise à carreaux, jean et chaussures de ville – veille à ce que les élèves se déplacent en suivant les lignes jaunes, sans agitation ni tapage. La plupart notent tout ce qu’il leur raconte du métier, rares sont ceux qui n’écoutent pas vraiment. Les élèves ont préparé des questions avec leurs profs avant la visite.