La nuit est déjà bien avancée lorsque les discussions se terminent, sur un échec. « Le compte n’y est pas », lance François Chérèque face aux caméras, en sortant du ministère des Affaires sociales, en ce 15 mai 2003 à 4 heures du matin. Deux jours avant, près de 2 millions de personnes sont descendues dans la rue contre le projet de réforme des retraites du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. Le leader de la CFDT va dormir quelques heures. À 8 h 15, lors d’une interview sur Europe 1, il change de ton et déclare que « la négociation doit reprendre ». Dans le taxi, Dominique-Jean Chertier, le conseiller social du Premier ministre l’appelle. Rendez-vous est pris à Matignon à 11 heures. François Chérèque bataille alors sur les carrières longues afin d’obtenir un départ anticipé pour les salariés ayant commencé à travailler tôt : 56 ans pour ceux qui sont entrés dans la vie active à 14 ans, 57 ans pour ceux qui ont débuté à 15 ans, etc. Jean-Pierre Raffarin se tourne vers ses conseillers : « Combien ça coûte ? » Jean-François Cirelli se lève. Le directeur adjoint du cabinet du Premier ministre est l’homme des chiffres, celui qui évalue le coût de telle ou telle mesure et oriente donc les arbitrages.
Il revient dans une ambiance tendue. Bredouille. François Chérèque et son négociateur, Jean-Marie Toulisse, attendent eux aussi la réponse. « La réponse, nous ne la savons pas », lâche Jean-François Cirelli.