On n’est pas peu fiers aux Jours. Qui aurait dit, quand on a commencé cette série, qu’un de nos Electeurs, notre panel sensible formé des personnes qui nous avons croisées dans nos autres obsessions, deviendrait le présentateur d’un débat présidentiel ? « Eh ouais, t’as vu ! » se marre Antoine Genton. C’était lundi soir, ce débat, ça ne peut pas vous avoir échappé. On y a entendu des choses comme « pouvoir de l’argent », « interdiction des licenciements » et même « expropriation de la propriété privée des grands moyens de production ». Wow, wow, wow, vous dites-vous en lisant ces lignes, vous seriez-vous endormis devant le débat présidentiel sur TF1 et raté un échange à teneur marxiste entre, disons, Emmanuel Macron et François Fillon ? Vous êtes d’un convenu, vous et vos 9,8 millions de congénères qui avez préféré la chaîne du grand capital TF1 et ses cinq candidats (sur onze) à Explicite, plateforme sur les réseaux sociaux développée par certains anciens d’i-Télé qui recevait ce lundi soir Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) et Jacques Cheminade (Solidarité et progrès)...
Ça dit quelque chose de la considération pour leurs adversaires et une certaine forme de débat démocratique.
C’était L’autre débat présenté par Sonia Chironi et Antoine Genton, donc : « C’était l’occasion pour moi de commencer la collaboration avec Explicite. Et ça me tentait, comme exercice, de participer au débat démocratique. » Démocratique et épique aussi. « Ouais, c’était un peu rock’n’roll, on avait invité les onze et, encore la semaine dernière, on pensait avoir un débat avec quatre ou cinq candidats », raconte Antoine Genton. Très étrangement, les cinq premiers dans les sondages préfèrent aller sur TF1… Puis François Asselineau et Jean Lasalle refusent. Et, lundi, le jour même du débat, c’est le drame : Nicolas Dupont-Aignan préfère aller chez Hanouna et Philippe Poutou finit par annuler. « Ça dit quelque chose de la considération pour leurs adversaires et une certaine forme de débat démocratique, regrette Antoine Genton. C’est dommage. J’ai du mal à comprendre. » Il est toujours calme et posé dans son expression, mais à force de le pratiquer, j’ai fini par parler le Genton dans le texte, et je peux vous garantir que quand il dit ne pas comprendre, c’est qu’il n’est pas content, mais alors vraiment pas.
Mais content ou pas ce fut ainsi : face à face, le duo Chironi-Genton aux questions, le duo Arthaud-Cheminade aux réponses. Enfin aux réponses, c’est vite dit.