Hiver comme été, sous la pluie ou en pleine canicule, ils patientent devant les restaurants en attendant une commande qu’il faudra livrer toujours plus vite à un client affamé. Ces coursiers à vélo travaillent pour les grandes plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo dans des conditions précaires ne leur garantissant que peu ou pas de protection sociale. Parmi eux, de nombreux immigrés sans-papier essaient tant bien que mal de gagner de quoi vivre en France, pays où ils ont choisi de démarrer leur nouvelle vie, parfois même en travaillant illégalement avec un compte sous-loué à un autre autoentrepreneur.
En 2021, missionné par le Forum vies mobiles, le photographe Philémon Barbier a suivi dans son quotidien Azedine, 30 ans, livreur à vélo parisien venu de Tunisie. Puis, pour mettre en image son parcours migratoire fait de violences et de doutes, le photographe décide d’entreprendre le même trajet de Tunis à Paris, en suivant les traces et souvenirs d’Azedine. Philémon Barbier livre un récit photographique précieux, à la fois personnel tant il est proche des souffrances qu’a endurées Azedine, mais aussi universel tant il raconte le courage de ces milliers de jeunes migrants prêts à tout quitter pour l’espoir d’une vie meilleure en Europe. Dans cet épisode des « Jours » à l’œil, Philémon Barbier commente certains de ses clichés qui racontent l’épopée d’Azedine.
« Azedine à Paris, le 21 août 2022.
Avant de sillonner les rues de la capitale à vélo, c’est le chemin de l’exil qu’Azedine a emprunté pendant de longs mois. “En sortant de mes études de commerce international, je n’arrivais pas à trouver de travail pendant deux ans, donc j’ai décidé de quitter la Tunisie pour avoir un futur.” Le 30 octobre 2018, Azedine démarre son long périple. Première étape : la Serbie, où il ne reste que quelques jours avant de trouver un passeur pour rentrer en Bosnie. Là-bas, tout se complique. Il reste bloqué six mois entre Sarajevo et Bihać, ville frontière avec la Croatie, à la merci de l’hiver, des rudes conditions des camps et des exactions de la police croate. “Ils sont agressifs.