La photographe Marion Péhée a réalisé les images de la série On se lève, on se casse et on nous écoute, écrite par Sophie Boutboul. Une obsession qui se déroule au sein de l’Unité spécialisée d’accompagnement du psychotraumatisme (Usap), au cœur de l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où des psychologues accueillent et accompagnent des femmes victimes de violences sexuelles, conjugales ou de tentatives de féminicide. Marion Péhée y a fait la connaissance de plusieurs femmes. Le portrait de Jade est le fruit d’une de ces rencontres. Un film photographique qui nous fait entrer dans l’intimité d’une douleur. À découvrir ci-dessous :
Marion Péhée : « J’ai rencontré Jade par l’intermédiaire de Lynda, qui est suivie à l’Usap comme victime de violences conjugales (lire l’épisode 4 d’On se lève, on se casse et on nous écoute, « “Je me suis dit : ‘La prochaine fois, il va me tuer’” »). Entre les femmes victimes de violences, il y a une grande sororité, elles se connaissent, s’écoutent et se retrouvent. C’est ainsi que, lorsque j’ai cherché à travailler sur la question du viol en France et sur les thématiques qui en découlent, comme celle du traitement d’une plainte, Lynda m’a instantanément transmis les coordonnées de Jade, m’expliquant qu’elle avait envie de parler, de raconter son histoire…
Avec son accord, j’ai alors réalisé ce film photographique, Viol(ence), dont le titre m’est apparu comme une évidence tant la violence se situe à tous les niveaux. La “viol(ence)”, Jade la subit de toutes parts. Elle a été violée et séquestrée il y a neuf ans et un enfant est né de ces actes. Depuis, en plus de multiples traumatismes, la jeune femme fait face à une violence institutionnelle : la justice lui impose une coparentalité avec son agresseur, mais comme elle la refuse, Jade se retrouve dans une position d’illégalité. Aussi poursuit-elle ses démarches pour faire reconnaître ce crime