L’image du DRH d’Air France escaladant la barrière, torse nu, à peine recouvert d’une chemise en lambeaux, a fait le tour du monde. Une photographie qui a échappé à son auteur et à l’évènement même dont elle est le résultat. La diffusion immédiate des images nous fait perdre le fil de leur naissance.
Le photographe Frédéric Reglain était au départ de l’action. Venu pour couvrir une simple manifestation des salariés d’Air France, il se retrouve à photographier un mouvement de foule incertain où les étiquettes et les rôles de chacun sont brouillés. Le photographe vit une expérience physique. Il ne connaît pas les fonctions des personnages qui se débattent devant son objectif et tente de comprendre la situation au fur et à mesure de son emballement. Pour Les Jours, Frédéric Reglain nous plonge au cœur de cette exfiltration et nous fait vivre les minutes qui ont précédé l’image que tout le monde connaît, et que lui n’a pas pu prendre.
Il livre un point de vue mêlé de souvenirs d’un reportage qui ne s’est pas passé comme prévu. Le photographe porte aussi un regard sur l’issue de cet événement qui a vu une image devenir un symbole. Mais il a tout de même un regret, celui de n’avoir pas fait cette image de l’homme, sans chemise, fuyant la foule. Le récit qu’il fait aux Jours nous permet de remonter le fil de cette échappée.