«Nous sommes là pour organiser votre défense face à la toute-puissance et la suffisance du laboratoire Merck ! » Cheveux blancs et costume serré impeccable, Christophe Lèguevaques déroule son discours, debout et micro en main, dans l’auditorium de la Maison du Barreau, à Paris. Depuis plusieurs semaines, l’avocat écume les villes françaises à la rencontre de victimes potentielles de la nouvelle formule du Levothyrox, médicament produit par le laboratoire allemand. Son objectif : les réunir dans une procédure collective contre Merck, via sa plateforme en ligne MySmartCab – où l’on peut aussi participer à une action contre les compteurs électriques Linky ou la méthode de contraception Essure… « Cette plateforme est une arme antilobbies. Elle permet de faciliter l’accès à la justice, grâce à l’union des plaignants », poursuit Christophe Lèguevaques, en tentant d’enrôler de nouvelles recrues. Ce soir-là, une centaine de personnes sont venues l’écouter. Surtout des femmes, de tous âges (huit malades de la thyroïde sur dix sont des femmes). Lorsqu’elles s’emparent du micro, c’est pour exprimer une colère profonde face au manque d’écoute des médecins et des autorités de santé. Comme nous le racontions dans l’épisode 9 (« Levothyrox : la bonne vieille formule de l’influence des labos »), depuis le lancement de la nouvelle formule du Levothyrox, en mars 2017, la vie de milliers de malades a basculé. Tous attendent des explications de la part de Merck.
Mes genoux ne fonctionnent plus, j’ai du mal à marcher, je suis fatiguée en permanence. Mon quotidien est devenu celui d’une junkie : je fais le tour des pharmacies en quête de boîtes de l’ancienne formule. Comment en est-on arrivés là ? Quels sont les liens entre l’ANSM et Merck ?
La question du possible lobbying du laboratoire pharmaceutique est sur toutes les lèvres.