Le milieu médical fourmille de liens d’intérêts entre laboratoires et experts des agences de santé. Mais au petit jeu du mélange des genres sur fond de lobbying des géants du secteur, certains se révèlent beaucoup plus problématiques que d’autres. La nouvelle formule du Levothyrox a provoqué une crise sanitaire touchant des dizaines de milliers de malades de la thyroïde, depuis qu’elle a été mise en vente en mars 2017, avec une information défaillante – notamment de la part du laboratoire Merck, qui produit le médicament, comme nous le révélions précédemment (lire l’épisode 12, « Levothyrox : l’incompréhensible retard de Merck »). Ils sont nombreux à réclamer la remise en circulation de l’ancienne formule et à tenter de se procurer des boîtes à l’étranger, en Espagne, en Suisse, en Allemagne… et parfois même jusqu’au Liban. Les victimes de ces effets secondaires se posent cette lancinante question : pourquoi avoir modifié la formule d’un médicament qui soigne quotidiennement et avec succès 2,6 millions de malades depuis plus de trente ans ? La réponse de Merck est la même depuis un an : le laboratoire explique s’être conformé à une demande émanant de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). C’est bien là que le bât blesse, pour plusieurs raisons.
Les Jours se sont procuré la lettre recommandée avec accusé de réception, envoyée à Merck et encore jamais dévoilée par l’ANSM.