La France contre l’industrie des pesticides, c’est fini. Fin novembre 2017, quand l’Union européenne décidait de renouveler l’autorisation du glyphosate pour cinq ans, Emmanuel Macron promettait d’en débarrasser la France « au plus tard dans trois ans ». À l’époque, comme nous l’avions conté (lire l’épisode 5, « Là où le lobby pousse, le glyphosate repousse »), Bruxelles renforçait encore son statut de terrain de jeu favori des lobbies, industries chimiques et des produits phytosanitaires en tête. Mais ces dernières semaines, c’est bien en France que les lobbies agroalimentaires et de l’agrochimie ont été à la manœuvre, autour du projet de loi « agriculture et alimentation », examiné par les députés pendant une semaine.
Symbole, donc, de cette influence, l’interdiction du glyphosate promise par le chef de l’État dans les trois ans n’a pas été inscrite dans le texte. Les amendements prévoyant une interdiction formelle à cette échéance ont même été rejetés par le gouvernement. La France s’en tient donc officiellement à la norme européenne de cinq ans. C’est aussi ce que réclamait la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), qui a pour habitude de faire front commun avec le lobby des pesticides à Bruxelles. Tandis qu’en France les critiques se multiplient pour reprocher au ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, de lui accorder une oreille très attentive.

Texte fourre-tout, élaboré à l’issue des États généraux de l’alimentation, le projet de loi « agriculture et alimentation » ambitionne aussi bien de réorganiser les relations entre agriculteurs et distributeurs que d’assurer une nourriture plus saine, dans les collectivités et les cantines notamment. Après examen des 2 500 amendements déposés, les débats parlementaires ont accouché de mesures éparses : interdiction de l’utilisation d’eau plate en bouteilles en plastique dans les cantines, objectif de 50 % de nourriture bio ou respectant l’environnement dans ces mêmes cantines d’ici à 2022, étiquetage renforcé des denrées alimentaires (notamment sur les OGM), sanctions plus fortes pour la non-publication des comptes d’entreprises de l’agroalimentaire…
Loin toutefois des espoirs suscités par les États généraux. Les lobbies se sont fortement mobilisés pour défendre leurs intérêts. Ce mardi, Libération raconte, par exemple, comment les fédérations de la FNSEA ont rencontré les parlementaires locaux en amont du projet de loi.