Souvenez-vous, il y a un peu plus d’un an, le nucléaire était au cœur des difficultés de Nicolas Hulot. Et de ses reculades. Début novembre 2017, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, il annonçait que la baisse de l’atome dans la production d’électricité en France allait prendre dix ans de plus : ramener la part du nucléaire de 75 % à 50 % se ferait à l’horizon 2035, au lieu de 2025 comme le prévoyait pourtant la loi « transition énergétique ». Un renoncement lourd. Depuis, Nicolas Hulot a quitté avec fracas son ministère, en dénonçant le poids des lobbies (lire l’épisode 16, « Les lobbies ont sonné l’hallali d’Hulot »). Celui du nucléaire est l’un des plus puissants dans une France où l’atome a été érigé en religion d’État. On l’avait déjà un peu compris, mais cette fois, c’est certain, Emmanuel Macron ne fera pas partie des hérétiques.
La France compte 58 réacteurs nucléaires sur son sol, dont 48 ont atteint l’âge de 30 ans. À l’origine, ils ont été construits pour une durée de vie de quarante ans. Au-delà de cette limite, le vieillissement peut devenir rapide et donc dangereux. Mais dans la feuille de route énergétique dévoilée ce mardi, dans un discours remanié pour s’adresser aussi aux « gilets jaunes », le chef de l’État renvoie les fermetures de réacteurs à plus tard : quatorze seront arrêtés entre 2025 et 2035, dont quatre à six d’ici à 2030.