En ces temps d’urgence climatique, investir dans les énergies fossiles est devenu un sujet sensible, qui suscite une contre-offensive massive. Selon un rapport cosigné par Oxfam et Les Amis de la Terre, publié ce jeudi 28 novembre à l’occasion du « Climate Finance Day », les banques continuent de financer largement les activités liées au charbon, au gaz, au pétrole. Leur empreinte carbone est même qualifiée de « colossale » par les deux ONG. « En 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement et d’investissement des quatre principales banques françaises

Oxfam et Les Amis de la Terre appellent l’État français à légiférer pour imposer des normes au secteur bancaire, dont les financements ont un impact direct sur l’économie réelle. « Un lobbying intensif du secteur freine les tentatives de régulation », selon Alexandre Poidatz, chargé du financement de la transition énergétique chez Oxfam. De fait, le principal et puissant lobby du secteur, la Fédération bancaire française (FBF), a réagi très rapidement… et avait même anticipé la publication de ce rapport aux résultats dérangeants pour ses adhérents.
La somme des empreintes fossiles des quatre premières banques françaises est très inférieure à celle de la première banque du monde, qui est américaine.
Dès dimanche 24 novembre, Frédéric Oudéa, le tout nouveau président de la FBF depuis le 1er septembre, également directeur général de la Société générale, était en mission déminage dans Le Journal du Dimanche : « La somme des empreintes fossiles des quatre premières banques françaises est très inférieure à celle de la première banque du monde, qui est américaine », déclarait-il en guise de contre-feu à l’étude des deux ONG, qui n’avait pas encore été rendue publique. Mais elle avait été transmise aux banques en octobre, afin de leur permettre d’y répondre. Les contributions des quatre établissements bancaires ont été jointes au rapport. Ces droits de réponse ont été très utiles à une journaliste de L’Opinion, qui a publié le 28 novembre au matin, jour de parution de l’étude, un article intitulé : « Climat : le mauvais procès d’Oxfam contre les banques ». Celui-ci fait la synthèse des arguments chiffrés des banques. Et reprend, en particulier, plusieurs éléments issus de la réponse de BNP Paribas.

La réplique de la BNP et l’article font ainsi référence à une autre étude, le rapport « Banking on climate change 2019 », porté par « 163 ONG internationales » qui aurait distingué les banques françaises pour leurs efforts destinés à limiter les investissements dans les énergies fossiles.