Orienter la science, semer le doute sur les résultats des expertises contradictoires et, par ricochet, discréditer les agences de régulation chargées de donner leur aval à la commercialisation des substances. Derrière le vote surprise des États européens qui, lundi, ont prolongé l’autorisation du glyphosate, il y a la victoire des lobbyistes. En dépit de ses effets très controversés sur la santé, les agriculteurs vont continuer à utiliser massivement ce principe actif présent dans les pesticides parmi les plus vendus à travers le monde, le fameux Roundup de Monsanto en tête. Comme il permet d’accroître fortement les rendements, les agriculteurs qui décident de s’en passer subissent une concurrence parfois difficilement soutenable. Mais la promotion de la substance repose aussi sur une vaste entreprise d’influence menée depuis des décennies, avec plusieurs lobbies puissants à la manœuvre, parmi lesquels l’industrie chimique, celle des pesticides, les grandes fédérations agricoles ou encore le lobby des négociants de céréales.
Monsanto elle-même est une firme aux pratiques de lobbying particulièrement pointues. La firme américaine est représentée historiquement par l’agence d’influence FleishmanHillard, qui mène la bataille sur tous les fronts : campagnes de presse, influence auprès des journalistes et des pouvoirs publics.