C’est l’une de ces milliers de scènes d’épouvante quotidienne dans l’État islamique. Deux colosses cagoulés, armés, habillés de noir, conduisent à la mort un prisonnier en tenue orange, les yeux bandés, en le tenant chacun par le bras. Ce Syrien d’une vingtaine d’années a été reconnu coupable d’« insulte à Allah » et condamné à la peine capitale par un tribunal islamique. Une foule de badauds s’est formée tout autour. Seul, au milieu du cercle, un troisième homme cagoulé patiente, armé d’un gigantesque sabre. À ses pieds, un rondin de bois sur lequel il coupera la tête de sa victime ce matin-là. Celui qui est chargé de procéder à la décapitation a été tiré au sort parmi les volontaires de la police islamique.
C’est une exécution publique dans une petite ville du nord de la Syrie en grande partie administrée par des jihadistes français et tunisiens de l’État islamique. La scène se déroule sous les objectifs des appareils dernier cri des brigades médiatiques de l’EI et sera ensuite diffusée sur internet par ses organes officiels de propagande. Montrer la terreur est un instrument essentiel du contrôle social exercé par l’organisation qui gouverne avant tout par la peur. Les deux hommes qui maintiennent fermement le condamné ont à peu près le même âge que lui. Et ils sont tous les deux de nationalité française. Ils sont convertis.