De Montpellier
Couteaux, haches, dagues, massues… Les socialistes ont le langage fleuri quand ils évoquent le choix des armes pour régler (ou pas) leurs comptes dès dimanche soir. Mais au delà des clichés belliqueux, tous ont au fond une autre priorité en tête : sauver la maison PS et conserver un groupe de députés le plus nombreux possible à l’Assemblée nationale en juin. Sur quelle ligne politique ? Au profit de qui ? Houla… pas si vite. Les socialistes sont des gens comme vous et moi, incapables de prédire ce qui sortira des urnes du premier tour. Mais ils ont acté par avance l’élimination de leur candidat. La défaite est intégrée. Pas son ampleur, ni les effets du blast qui dépendront du score de Benoît Hamon.
En d’autres temps, très récents, un tel aveu de faiblesse politique était indicible de la part du grand parti de gouvernement de la gauche française. Il est aujourd’hui une réalité, certes très pénible à vivre, mais assumée par les « camarades ». À Montpellier où Les Jours racontent depuis décembre cette vie (pas toujours) rose, les lignes de fractures, les contradictions et les envies de « clarification » sont partout. Les personnages qui peuplent cette série sont tous lucides sur l’état de leur parti mais pas résignés. Même ceux qui l’ont, de fait, quitté en rejoignant Macron ou Mélenchon. Julie Frêche, fille du défunt maire Georges Frêche, que l’on avait suivie en janvier dans sa section du centre ville (lire l’épisode 2, « Les camarades entrent en primaire ») résume par un constat singulier le changement majeur qui a touché le parti dans cette campagne. « Pour mobiliser les militants, cela a été compliqué, difficile. Mais dans tous mes tractages en ville, autour des Halles Castellane, j’ai systématiquement croisé des gens de ma propre section PS qui distribuaient pour Macron ou Mélenchon. À l’échelle d’un petit groupe militant, j’ai vu l’éclatement et la dilution des forces de gauche en trois tendances. »
Au PS, le besoin de retrouver une ligne politique claire, après cinq années de fronde parlementaire et de reniements présidentiels comme avec la déchéance de la nationalité, divise aussi. Prioritaire pour les jeunes du MJS, il l’est nettement moins pour tous ceux – plus nombreux – qui pensent que la seule urgence est à la préservation de l’appareil et le sauvetage des élus. Un congrès viendra après les scrutins, inutile de s’entretuer prématurément.