De Montpellier
Semelles de plomb et moral pas très rose. À Montpellier comme partout en France, les socialistes font ces jours-ci de la figuration politique. Au lendemain du collapse Hamon (6,3 %), le parti a décrété l’union sacrée pour contrer l’extrême droite dans les urnes (lire l’épisode 16, « Au PS, l’anti-FN en cache-misère »). Appel clair, voire empressé, à voter Macron de la part des dirigeants et des élus, mais peu d’entrain chez les militants à aller faire, en plus, campagne pour un candidat qu’ils ont combattu jusqu’au 23 avril. Jeudi soir, ils étaient pourtant sept jeunes socialistes à distribuer, place de la Comédie à Montpellier, un minitract format A5 réalisé par le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) – mais pas celui du PS pourtant tiré à 4 millions d’exemplaires, manière de prendre leurs distances avec la maison mère. Boulot ingrat que de tendre le bras sous un ciel menaçant en clamant « Pour la République ! » ou « Contre le Front national !» à des passants peu enclins à entamer la discussion.
En fin de semaine dernière, Bastien Frayssinoux, responsable du MJS de l’Hérault, a réuni sa jeune troupe pour planifier quelques actions, inciter malgré tout à voter Macron et préparer la suite. Assesseur dans un bureau de vote lors du premier tour pour Benoît Hamon, il a choisi de ne pas rempiler dimanche. « Difficile pour moi de représenter Emmanuel Macron alors que je ne partage pas ses idées », dit-il, en dépit de la pénurie d’assesseurs qui touche un peu partout en France les bureaux de vote. Il ira cependant bien voter Macron et constate, un brin inquiet, que « les électeurs qui tergiversent sont à gauche parce qu’ils jugent Macron trop libéral quand ceux du FN sont mobilisés. Le choix de soutenir un candidat républicain face à une ennemie de la République fait pourtant partie de l’identité de la gauche ».
Au-delà du second tour, les socialistes contemplent des montagnes de questions… que l’appareil du parti tente d’endiguer pour éviter les fracas irréversibles. Mais des mots – inéluctables – sont bien dans toutes les têtes : « clarification », « refondation », « séparation »… Dès lundi, l’unanimité du parti acquise sur le seul mot d’ordre du barrage au FN aura vécu. Il sera difficile de finasser sur la question de la participation ou pas à une majorité présidentielle. Or ce point crucial dans la perspective des législatives divise profondément le parti. Benoît Hamon a indiqué dans