Comment survit-on à la présidence de Trump ? Joe, Martha, Dante, ces habitants de Chicago que Les Jours ont suivis pendant la campagne, organisent à leur manière une forme de résistance. Chaque semaine, l’un d’entre eux nous donne des nouvelles d’Amérique.
«Même à Chicago, nous avons accueilli avec soulagement la défaite de la version française de Donald Trump à l’élection présidentielle. Selon moi, le rebondissement le plus intéressant a été l’échec de la fuite massive d’emails hackés à influencer le résultat du vote (s’il y a eu influence, elle a plutôt renforcé l’opposition à Le Pen).
Ici, aux États-Unis, le président Trump ne s’est jamais arrêté de faire campagne. De temps à autre, il organise d’énormes rassemblements et gémit à propos de la partialité des médias. Hillary Clinton a refait surface et annoncé qu’elle rejoignait la résistance.
Le plus choquant, à l’heure où j’écris, est le licenciement par Trump de James Comey, le directeur du FBI (Bureau fédéral d’investigation), l’agence nationale chargée d’enquêter sur les crimes fédéraux, et notamment sur les accusations de corruption politique dans l’administration Trump. Je connais assez l’histoire pour comparer le renvoi de Comey par Trump aux actions similaires du président Nixon au début des années 1970, qui ont entraîné sa perte.
Cela arrive à un moment où l’on avait l’impression que les États-Unis commençaient à s’habituer à Trump. Chaque week-end, de longues marches et des rassemblements sont organisés à travers le pays pour combattre les politiques qu’il mène. Les principaux médias d’information approuvent puis regardent ailleurs, tandis que Fox News, propriété de Rupert Murdoch, recense consciencieusement chaque geste illicite commis par un manifestant, où que ce soit.
L’un de mes collègues, qui est un ami proche du conseiller d’Obama David Axelrod, m’a montré quelque chose que j’ai trouvé encore plus inquiétant : l’un de ces comptes Twitter créés par des Russes, qui diffusent de la propagande de droite, ou des fake news. Mon ami s’y est intéressé après que son fils adolescent a parlé à table des hordes d’agitateurs de gauche et de vandales qui rôdaient dans les rues. “Pour la plupart des jeunes, ces trucs sont la vérité”, a dit mon ami en me montrant le fil Twitter.

J’ai tendance à croire les récits de tentatives russes pour saper notre démocratie.