Ce n’est pas la simple demande de l’Agence du médicament, l’ANSM, qui a conduit Merck à produire la nouvelle formule du Levothyrox qui a généré une crise sanitaire et un record de signalements d’effets secondaires en France depuis son lancement en mars 2017 (lire l’épisode 1, « Levothyrox, la crise sanitaire qui ne dit pas son nom »). Contrairement à l’argumentaire du laboratoire pour justifier ce changement, qu’on peut notamment retrouver dès le premier point de ce document spécial déminage, concocté par son service com. En réalité, la nouvelle formule s’inscrit au cœur d’une opération commerciale à l’échelle mondiale que Les Jours sont en mesure de révéler, grâce aux documents datant de 2014 et de 2015 planifiant son arrivée sur le marché, auxquels nous avons eu accès. On y découvre que la France est le point de départ d’une stratégie de conquête de nouveaux marchés sur quatre continents. Après son lancement dans l’Hexagone et l’extension de la nouvelle formule à toute l’Europe, le laboratoire prévoit de viser la zone Asie-Pacifique, en particulier la Chine, mais aussi les États-Unis et l’Amérique du Sud, notamment le Brésil – ces deux derniers pays figuraient déjà comme cibles prioritaires dans la feuille de route 2014, retirée du site de Merck après sa publication par Les Jours, mais toujours disponible ici. Enfin, la dernière étape est censée amener le laboratoire à l’imposer en Afrique et au Moyen-Orient.
Avec le Levothyrox nouvelle formule, l’objectif du laboratoire est de « devenir un produit de référence dans le plus de pays possible », indique l’un des documents que nous avons pu consulter.