«Ah, c’est de la fraîche, elle a dû arriver ce matin. » Une odeur de weed embaume la cage d’escalier. « Je dis ça parce qu’elle sent fort. Autrement, l’herbe je ne la sens même plus », ironise Warda. Elle tape sur deux boîtes aux lettres dans l’entrée. « La drogue est dans celle-là et celle-là. » Certains locataires de l’immeuble louent leur boîte aux dealers, c’est toujours ça de pris.
De son appartement, Warda est aux premières loges pour voir le manège des « vendeurs » – c’est comme ça qu’on les appelle sur le boulevard de Metz, à Lille. « Ils mettent leur marchandise dans les poubelles. Dans celle-là du cannabis, ici de la cocaïne, là de l’héroïne… » À chaque produit son rayon. Certains habitants, témoins de files d’attente de clients dans les cages d’escalier, parlent de supermarché de la drogue. Ici aussi, les managers font des allers-retours au volant de voitures de location comme neuves. Les caissiers et ceux qui font la mise en rayon, eux, sont postés au pied des immeubles. Sur leur tenue de travail, pas de logo Carrefour mais les écussons du Bayern Munich ou de Manchester City. Le boulevard porte les stigmates de ce business : petites cuillères pliées en deux, flacons de sérum physiologique et garrots en latex traînent ici et là sur des trottoirs. Tout le nécessaire pour une injection.
Vous savez qu’aujourd’hui, les flics ne demandent même plus les papiers lors des contrôles ? Pour repérer les trafiquants, ils regardent les téléphones. Et si quelqu’un en a plusieurs…
Après des années de vie boulevard de Metz , Warda en a appris plus que nous devant les cinq saisons de The Wire. C’est même une observatrice attentive du secteur :