Un petit coup de caméra vite fait et on comprend que l’Hémicycle est aux trois-quarts vide. Ça n’empêche pas Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, veste blanche masque blanc, presque essoufflée
La ministre rappelle que le texte est issu des travaux de la Convention citoyenne pour le climat, qu’il s’agit maintenant de traduire législativement, en passant par les députés. « Nous allons passer de 150 Françaises et Français, à 577 aujourd’hui et à 77 millions demain », compte-t-elle, à mi-chemin entre Corneille et une leçon de division cellulaire. Ce texte est carrément la nouvelle pierre « à l’édifice de la République écologique » que la majorité veut construire. Il est temps d’annoncer le menu : sensibilisation à l’environnement à l’école, étiquetage environnemental pour permettre « à chaque citoyen de faire des choix plus vertueux », des zones à faibles émissions dans les grosses villes, la limitation du nombre de vols domestiques, la fin de la construction des centres commerciaux au milieu des champs, ainsi que celle de la mise en location des passoires thermiques et des punitions sévères pour ceux qui portent atteinte à l’environnement. Mais attention, hein, on parle d’une écologie qui apporte « des solutions simples dans le quotidien des Français, une écologie (qui) remet du bon sens dans nos vies », plus proche du slogan publicitaire que du Grand Soir, donc, bref d’une « écologie pratique ».

Pour détailler le manuel, les fantassins quittent leurs pupitres et montent à la tribune. Jean-René Cazeneuve, député du Gers, le rapporteur général du texte, veste grise et masque bleu, commence par saluer « les dizaines de milliers de jeunes qui, en France et dans le monde, se mobilisent » pour lutter contre le dérèglement climatique. Un instant de dissonance cognitive sans doute, lui ayant permis d’occulter mentalement les slogans des quelque 100 000 personnes, dont beaucoup de jeunes, qui ont manifesté dimanche pour exiger une