Ce mardi soir de juillet, le premier étage du Café de la mairie, situé près du square du Temple, dans le IIIe arrondissement de Paris, est plein. Plus d’une cinquantaine de personnes sont venues écouter Élise Fajgeles, la nouvelle députée En marche de la 5e circonscription de Paris, tenir son premier « café citoyen » avec comme thème : « Comment renouer la confiance entre les citoyens et leurs représentants ? » L’ancienne suppléante de Benjamin Griveaux, devenu secrétaire d’État à Bercy, ne siège alors pas encore à l’Assemblée nationale – il faut attendre un mois après cette nomination au gouvernement –, mais elle a tenu à rencontrer rapidement ses électeurs, et à les écouter donner leur avis sur la loi « moralisation », l’un des premiers textes symboliques du quinquennat, qui est examiné cette semaine à l’Assemblée nationale.
Être à l’écoute des citoyens est une des promesses d’Emmanuel Macron, que la députée rappelle. « Il y a eu la “grande marche” où nous allions à la rencontre des Français. Quand il était ministre, Emmanuel Macron lui-même avait réuni des gens dans des salles pour dire ce qu’il faisait. Lors de son discours à Versailles, il a évoqué la création d’un droit de pétition… » Et cette attitude est, entre autres, ce qui a séduit la nouvelle députée, auparavant encartée au Parti socialiste. Elle vient de quitter un mandat d’adjointe à la mairie du Xe arrondissement au cours duquel elle organisait des concertations informelles avec ses administrés. Et ce soir-là, quand elle dit vouloir passer à la « coconstruction de la loi » afin de créer du lien avec les électeurs, elle a l’air sincère. La preuve : elle a invité pour débattre « le » spécialiste français de la démocratie participative, Cyril Lage, fondateur de Parlements & Citoyens, une association qui « permet aux parlementaires et aux citoyens d’élaborer ensemble la loi ». Mais la bonne foi suffit-elle à faire une bonne politique ? Malgré ses engagements, En marche semble avoir beaucoup de mal à se confronter aux opinions des citoyens.

D’abord, même si le quinquennat a à peine débuté, le gouvernement a un passif en la matière. Et justement à propos de la loi « moralisation ». Du temps où il était ministre, François Bayrou avait promis – en même temps qu’il dévoilait les principales mesures de son texte – de demander aux Français leur avis. Sauf qu’il n’en a rien fait.